Barr pendant le Directoire (1796-1799)
par Philippe SCHULTZ
Synthèse "Die Stadt BARR" Dr. Fr. HECKER - 1911
Où l'on supprime les dimanches et où 83 Barrois combattent dans les armées révolutionnaires...
En France, le Directoire, mis en place en octobre 1795, était composé de cinq Directeurs détenteurs des pouvoirs exécutifs. Deux chambres détenaient le pouvoir législatif : le Conseil des Cinq-cents, a qui revenait la proposition des lois, et le Conseil des Anciens, fort de 250 membres, qui validait ou rejetait les lois proposées par le Conseil des Cinq-cents. Les Directeurs étaient proposés par le Conseil des Cinq-cents et élus par le Conseil des Anciens.
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Les droits individuels du peuple furent restreints par rapport à la constitution de 1793. Alors que cette dernière accordait le droit de vote à tout citoyen âgé de 21 ans, la constitution de 1795 introduisait une obligation supplémentaire, celle de payer un impôt national et détenir un métier.
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L’administration des municipalités connut ainsi des changements, seules les communes de plus de 5.000 habitants gardant une gestion autonome, les autres étant intégrées dans les chefs-lieux de cantons. Quand bien même Barr n’avait pas atteint ce seuil de population, la Ville garda pleinement son administration municipale, dans la mesure où elle était chef-lieu de canton.
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Le Directoire avait fort à faire, tant contre les royalistes que les Jacobins. Les caisses étaient vides à la suite de la guerre contre les Anglais, les Autrichiens et leurs alliés. A la suite du traité de paix de Bâle, le 5 avril 1795, la Prusse, la Hollande et l’Espagne ne furent plus considérés comme des ennemis, mais le Directoire devait préparer une nouvelle campagne, prévue en 1796, contre l’Autriche.
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Les troubles politiques parisiens ne se répercutèrent que très peu sur les Barrois. L’une des conséquences du coup d’état du 4 septembre 1797 eut néanmoins une répercussion peu appréciée : la suppression du culte dominical et son transfert sur les décades (une période de 10 jours remplaçait alors la semaine, dans le calendrier républicain). Mais la situation se rétablit au bout de deux ans seulement.
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Les exigences de l’Armée du Rhin du Général Moreau, en prévision de son passage du Rhin en 1796, touchèrent plus directement Barr.
Dès décembre 1795, l’intendance du Bas-Rhin exigea la fourniture de céréales pour les magasins militaires, dont Barr devait livrer une part importante. Pendant l’hiver 1795/96, les Barrois furent soumis à rude épreuve, ayant l’obligation d’héberger des troupes de l’Armée du Rhin, dont la 193ème demi-brigade forte de 1.179 hommes.
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En 1796, 83 Barrois participèrent, au sein des armées révolutionnaires, aux combats contre l’Autriche et ses alliés :
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32 hommes dans l’Armée du Rhin
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22 hommes dans l’Armée de l’Ouest
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13 hommes dans l’Armée de Sambre-et-Meuse
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10 hommes dans l’Armée d'Italie
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2 hommes dans l’Armée du Nord
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2 hommes dans l’Armée de l’intérieur
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2 hommes dans la Marine
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11 d’entre eux furent fait prisonniers.
Lorsque l’Armée du Rhin dut se replier, son second passage du Rhin appela de nouvelles réquisitions de fourrages auxquelles les Barrois durent répondre, avant que les troupes révolutionnaires repoussèrent l’ennemi au-delà du Rhin, jusqu’à Francfort.
En 1799, le Directoire étendit de plus en plus l’influence française. La Hollande, les petits états italiens, la Suisse furent intégrés au sein de la république, ce qui provoqua de vives réactions au sein de l’Europe et fut opportunément saisi par les Anglais pour créer une seconde coalition avec l’Autriche et la Russie.
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En 1799, les troupes françaises connurent des difficultés, notamment en Suisse et en Italie, contre les troupes russes et autrichiennes. Entre avril et septembre 1799, le risque d’une invasion ennemie était grand en Alsace.
Durant six mois, la Ville de Barr dut mettre à disposition des équipes d’une cinquantaine d’hommes, afin de construire d’urgence le fort Vauban et une forteresse à Kehl et permettre ainsi la défense du point de passage du Rhin. Cette main d’œuvre fut dédommagée.
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La situation se calma, fin 1799, et l’invasion redoutée n’eut heureusement pas lieu.
Infanterie de Ligne française 1793
Alfred-Charles-Adolphe de Marbot - source : Wikipedia
Rouget de l'Isle chantant pour la première fois la
Marseillaise, à Strasbourg, en 1792 (tableau de Pils)
dessin du 20 octobre 1796 de Benjamin Zix
collection Cabinet des Estampes et des Dessins Strasbourg