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La 14e Division Blindée US
Des Etats-Unis vers Barr...

par Christian Schmittheisler

Source : History of the 14th Armored Division

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L’activation de la 14e Division Blindée

2 Octobre – 28 Décembre 1942

 

En 1940, l’opinion publique américaine est divisée quant à une entrée en guerre et le président Roosevelt et son gouvernement se retranchent derrière la neutralité des Etats-Unis pour éviter de s’engager dans un conflit qui après-tout, concerne l'Europe...

Ce n’est qu'au lendemain de l’attaque japonaise de Pearl Harbor du 7 décembre 1941, que le président Franklin Roosevelt tient un discours devant le Congrès américain qui annonce l'entrée en guerre des États-Unis contre l'empire du Japon.
En réponse à cette déclaration, l’Allemagne et l'Italie déclarent la guerre aux Etats-Unis le 11 décembre 1941.

C’est le 28 août 1942 qu’une note émanant du quartier général des forces blindées basé à Fort Knox ordonne la création de la 14e Division Blindée qui s’installera au Camp Chaffee dans l’Arkansas et sera placée sous le commandement du « major general »[1] V. E. Prichard.

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Le camp a été construit en 1941, baptisé du nom du major-general Adna Romanza Chaffee Jr., surnommé le père des forces blindées, décédé cette année-là. Il se trouve au sud de l'Arkansas River et à quelques miles à l'est-sud-est de la ville de Fort Smith.

En septembre et octobre 1942, les premiers officiers et hommes du 14e commencèrent à quitter leurs affectations d’origine pour se rendre au camp : près de 400 officiers et 3.500 soldats sont arrivés octobre et novembre. Ils formeront l'ossature et l’encadrement des 10.000 soldats qui les rejoindront jusqu’en décembre pour former la 14e division blindée, faite des terribles nouvelles armes de guerre, l'une des forces de frappe les plus puissantes de toutes les armées, de tous les temps.

Le contour et le squelette de la Division, avaient été déterminés :

Le major-general Prichard commandait la division. Le général de brigade A. C. Smith prendrait le commandement de combat A; Le général de brigade E. W. Piburn avait le commandement de combat B.

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Peu a peu les hommes et la vie s’installaient dans les baraquements en pin à deux étages du camp et une cérémonie inaugurale publique fut organisée le 15 novembre avec défilé des troupes, présentation des couleurs et démonstrations de chars avec bataille simulée pour officialiser l’activation de la nouvelle division.

C'est le 3 décembre que les premières nouvelles recrues, fraîchement sorties de la vie civile arrivèrent, des hommes tout droit sortis des centres de recrutement, qui avaient passé six jours dans l'armée avec de nouveaux uniformes vert olive qui s'ajustaient tant bien que mal.

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En l’espace de 2 semaines, les 10.000 nouveaux arrivants avaient subi les tests d’aptitude, les visites médicales et avaient été affectés dans leur différentes unités.

Chaque nouvel arrivant était emmené faire un tour en char et le jour de cette première randonnée était mémorable. De près, le tank, était une masse d'acier énorme et impénétrable, étrange et formidable : l'intérieur était en acier, peint en blanc et sentant la cordite[2], la graisse et le gas-oil, une odeur étrange et vivifiante. C'était un labyrinthe de gadgets, de tubes, de commandes, de cadrans. Les mots peints à l'intérieur donnaient une idée succincte et sinistre des événements futurs : «Munitions de calibre 30», «périscopes de rechange», «grenades à main»…

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[1] Major general : équivalent de général de division.

[2] Cordite : Charge explosive qui est composée de nitrocellulose et de nitroglycérine.

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Général de brigade A. C. Smith  - Major General Vernon Edwin Prichard - Général de brigade E. W. Piburn

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FORMATION

28 décembre 1942 - 29 mai 1943

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Le 23 décembre, le dernier contingent de nouvelles recrues arriva. La Division avait atteint ses pleins effectifs : 706 officiers et 15.490 hommes. L’entraînement et la formation individuelle des nouvelles recrues pouvaient commencer dès le lendemain.

 

Entraînement physique et marches, lecture des cartes et usage de la boussole, formation à la conduite et à l’entretien des engins, aux soins de premier secours, au démontage et au maniement des armes, la formation était devenue la seule occupation de la 14e Division blindée et elle le restera pendant près de deux ans.

 

Pour se battre, un homme doit connaître une multitude de choses et celles-ci ont été définitivement établies au cours des longues années d'existence de l'armée :

 

Il doit connaître son arme, car c'est avec son arme qu'il atteindra l'objectif de l'armée. Il doit être entraîné à marcher dix, vingt, trente miles, portant sur son dos tout ce dont il a besoin pour vivre et se battre.

 

Il doit connaître la lecture des cartes, l’usage de la boussole, la défense contre les attaques chimiques ou aériennes, la reconnaissance des avions.

Il doit connaître le terrain et l'hygiène personnelle. Il doit savoir creuser, comment déplacer un corps d'homme, connaître la courtoisie et la discipline militaires.

 

Pour qu'une armée puisse fonctionner comme une seule force de frappe, pour atteindre un seul but, elle doit apprendre à exécuter la volonté d'un seul homme. Et dans une unité blindée, il faut connaître son véhicule, comment le conduire et comment l'entretenir.

 

Le détail de toutes ces formations avait été minutieusement codifié et quantifié par l’armée américaine afin que chaque soldat puisse bénéficier de la même quantité de la même matière, et de la même manière et au même moment de sa carrière militaire. De cette manière, chaque soldat pourrait parler de la même chose avec les mêmes mots.

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Les baraquements du Camp Chaffee

La formation était délivrée par tranches successives suivies d’exercices pratiques de mise en application sur le terrain pour en vérifier à chaque étape la bonne assimilation, le but ultime de tout entraînement militaire étant l'assurance de la victoire en cas de guerre...

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Quinze mille hommes devaient « apprendre le soldat » du premier jusqu'au dernier homme d'une compagnie d'infanterie.

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Les formations, les inspections se succédaient à un rythme effréné. Les hommes avaient été initiés à la courtoisie et la discipline militaires, à leurs armes, le fusil, la carabine, la mitraillette. Ils avaient procédé à des tirs de familiarisation et maintenant, la Division devait non seulement s'assurer que chaque homme pouvait tirer avec son arme, mais aussi qu'il était capable d’atteindre sa cible.

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Tirer, planter la tente, creuser un « foxhole »[1], lire des cartes, était un entraînement à la technique de la guerre. Il n'y avait pas encore de tactique - ou très peu de tactique.

La Division a été dotée de 3300 véhicules : 390 chars, 706 half-tracks, 550 véhicules de reconnaissance, 883 camions de deux tonnes et demie, sans compter 194 canons antichars, 2000 mitraillettes, 5600 cents carabines, 4000 pistolets-mitrailleurs et 1600 fusils.

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A présent il convenait d’appendre à chacune des unités à s’approprier, à utiliser et à entretenir ce précieux matériel.

 

[1] Foxhole : trou individuel.

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ENTRAINEMENT, REORGANISATION ET MANOEUVRES
29 mai 1943 – 13 janvier 1944

 

Les hommes avaient acquis une bonne partie de leur formation individuelle et avaient travaillé au sein de leurs unités respectives. Il était temps maintenant de faire évoluer les différentes unités ensemble, en organisant des manœuvres inter-armes.

Les entraînements allaient devenir de plus en plus exigeants et le parcours du combattant s’effectuait désormais sous le feu des balles réelles qui sifflaient au-dessus des casques. Des formations au combat de rue furent réalisées dans une petite ville abandonnée baptisée « Hitlerburg ». Des silhouettes surgissaient au passage des soldats et il fallait qu’elles soient criblées de balles avant de disparaître.

Les chars évoluaient sur le terrain de manœuvres en soulevant un nuage de poussière, une poussière rougeâtre, brunâtre, blanchâtre qui s'élevait épaisse dans l'air en pénétrant le nez, la bouche et la gorge, les vêtements... Les tankistes, vivaient et mangeaient cette poussière, même le tank se remplissait de poussière.

 

Les chars ont commencé à travailler sous le feu - des cartouches d'explosifs puissants programmées pour exploser dans les airs à quelques mètres au-dessus des tourelles, pulvérisant les vrac d'acier sans danger, mais frappant le sol autour où se trouvaient les fantassins; et l'infanterie a commencé à travailler de plus en plus près des rafales de leurs tirs d'appui.

 

L'inspection de commandement a eu lieu le 7 août, les chars et les half-tracks et les camions, les peeps et les tanks en rangées ordonnées, les hommes alignés devant eux sous le chaud soleil d'août, attendant le coup d'œil du général Prichard.

L’entraînement inter-armes se poursuivait entrecoupé de rares mais bons moments de détente dans les foyers du camp au cours des soirées de spectacles ou de danse et encore au cours des nombreuses compétions sportives de base-ball, basket-ball, volley-ball, des combats de boxe organisés entre les unités.

 

Au mois de septembre, la Division fut réorganisée pour prendre sa configuration opérationnelle. Ce changement a touché les régiments de chars et d'infanterie, le bataillon de reconnaissance et le bataillon du génie. Les 47e et 48e régiments blindés sont devenus les 47e, 48e et 25e bataillons de chars (chacun avec une compagnie de quartier général, une compagnie de service, trois compagnies de chars moyens (A, B et C) et une compagnie de chars légers (compagnie D)

Le 62e régiment d'infanterie blindé était divisé en 19e, 62e et 68e bataillon d'infanterie blindée; le 94e Armored Reconnaissance Battalion devient le 94th Mechanized Cavalry Reconnaissance Squadron; le 125th Engineers perdit sa compagnie D et sa compagnie de pont.

Trois commandements de combat – Combat Command - ont été mis en place et l’effectif fut ramené à un peu plus de 10000 hommes et 700 officiers.

Les grandes manœuvres débutèrent en novembre et la Division vivait sur le terrain, en bivouac. Elle opérait tactiquement dans le cadre d'une armée, contre d'autres divisions. Toute la Division a déménagé dans la zone de manœuvres du Tennessee pour y réaliser une série de 8 manœuvres tactiques. Les unités étaient réparties en Force Rouge et Force Bleue toujours de forces inégales pour donner plus de réalisme à l’exercice et chaque scénario fut réalisé sous le contrôle des « umpires », sortes d’observateurs et juges-arbitres qui validaient les différentes phases et jugeait si elles avaient été réalisées selon les concepts et normes déterminées.

 

Les différents scénarios et les conditions de combats étaient aussi réelles que possible. Entre chaque manœuvre, les Forces étaient recomposées pour s’adapter à un nouvel objectif ou une nouvelle situation de combat. Toutes les situations possibles furent envisagées, en utilisant la complémentarité des unités de reconnaissance, des chars de combats, de l’artillerie de campagne, du génie, y compris les services médicaux, les unités chargées de la logistique et du ravitaillement… tout ceci dans des conditions climatiques qui se dégradaient au fil du temps avec l’arrivée de l’hiver et de la neige.
 

A l’issue de cette série de manœuvres les 10000 hommes de la Division, avaient démontré qu’ils formaient une force de frappe puissante, capable d’une grande mobilité et de frapper comme un seul poing armé. Le 13 janvier, la Division s’est installée au  camp Campbell pour l’entraînement final avant le combat.

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Le Général de Division

Albert Cowper Smith

commandant de la 14e division blindée

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L'USS James Parker

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L'USS Santa Rosa

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Le transporteur de troupes "Le Jeune"

Fin janvier 1944, la 14e prend ses quartiers au camp Campbell dans le Kentucky pour la formation post-manœuvre pour le perfectionnement de la technique des individus et des unités, pour corriger les lacunes constatées lors des manœuvres. C’est la préparation finale avant la bataille avec notamment des exercices dits de « durcissement. » Les artilleurs tiraient maintenant (sous calibre 30 seulement) sur des chars en mouvement modifiés en soudant des protections en acier pour protéger les hommes à l'intérieur des éclats des projectiles.
 

Toutes les unités sont testées et tous les tirs d'armes seront effectués. L'endurcissement physique sera continu et progressif et le perfectionnement des hommes sera intensifié dans les domaines de la communication et la transmission d'informations, de l'entretien, du tir au canon, du repérage, de l'observation, des premiers secours…
 

Pour s’approcher au plus près des conditions réelles, les exercices et manœuvres sont effectuées au cours de bivouacs de six jours.
Courant juillet, le général Prichard quitte la division "pour les exigences de la guerre". Il est remplacé au commandement par le général de brigade A. C. Smith qui allait guider la vie et la fortune de dix mille hommes dans les longs mois qui suivirent.

 

En août, vint le point culminant de l'entraînement, un exercice de tir de la Division. L’exercice de tir a duré trois jours entiers et la Division a bivouaqué sur le terrain. Le mois d'août s'achève. Il y avait des congés et des permissions - les derniers congés et les dernières permissions - chaque homme qui n'en avait pas eu au cours des six derniers mois devait avoir une permission et tous devaient avoir rejoint le camp avant le 20 septembre. La Division partait à l'étranger !

Du 15 août jusqu'à l’embarquement pour l’outre-mer, le camp a été nettoyé et remis en état, les véhicules ont été chargés et calés sur les wagons plats et le 13 octobre, les hommes en uniformes, chargés de leur équipement personnel, armés et casqués, se rendent aux trains bondés qui les ont conduits au terminal à Weehawken, Jersey. Les hangars de chargement de Staten Island se remplissaient avec l'équipement et des longues files de soldats en tenue de combat. Homme par homme, ils étaient contrôlés à l’embarquement du navire alors que des femmes de la Croix-Rouge distribuaient du café et des beignets.

À BORD DES NAVIRES, MARSEILLE ET LES ALPES
14 octobre - 20 novembre 1944

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La division prit la mer le 14 octobre. Les hommes avaient embarqué sur quatre navires, le "Santa Rosa", transportant les hommes des bataillons de chars, le général Smith et son état-major; le "Jeune" (anciennement le paquebot allemand "Windhoek"), avec les hommes des bataillons d'infanterie, la fanfare de la Division, un bataillon de chars et un bataillon de destroyers de chars; le "General James Parker", avec la reconnaissance, le génie et l'artillerie; et le "Sea Robin" (un navire de guerre tout neuf), transportant l'artillerie, le 84e régiment de médecins et la police militaire. Quatorze cargos et Liberty[1] surchargés de matériel accompagnaient le convoi.

Le samedi après-midi ensoleillé, le convoi s'est déplacé lentement le long du port, les hommes s'alignant sur les ponts après que les navires passaient la Statue de la Liberté, pour regarder le port de New York s’éloigner lentement devant eux.

 

Les bateaux étaient bondés. Les cabines pour deux personnes comportaient neuf couchettes qui se balançaient si près qu'on pouvait tout juste y entrer, étagées par quatre, dans chaque cabine et sur chaque pont, de la cale jusqu'au pont supérieur du bateau, et partout où il n’y avait pas de hamac, on empilait du matériel, des sacs musette et des sacs à dos, des fusils et des manteaux.

Il n'y avait pas beaucoup d'inquiétude au sujet des sous-marins. Le temps était beau et le navire se dirigeait vers le sud, le convoi s'étendait sur l'océan, les destroyers loin à l'horizon renvoyaient des signaux.

 

Les jours passèrent, et toujours pas d'annonce quant à la destination de la Division. L'Angleterre ? La France ?

La destination du convoi fut enfin dévoilée : ce sera Marseille et la nouvelle a mit fin aux spéculations. Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre.

 

Le convoi traversa le détroit de Gibraltar le 26 octobre, sous le soleil éclatant d'une chaude matinée d'automne longeant la côte africaine et ses eaux bleues calmes, et la ville blanche de Tanger, puis la côte française, le promontoire gris du château d'If et la statue de la Vierge sur la cathédrale et enfin la courbe tentaculaire des bâtiments de pierre qui longent la baie alors que le convoi s’engageait dans le chenal du port de Marseille.

 

[1] Le terme Liberty ship désigne les quelque 2 710 cargos construits aux États-Unis au cours de la Seconde Guerre mondiale

Le navire se déplaçait lentement naviguant dans les eaux douces et scintillantes, se faufilant entre les destroyers français au départ, les cargos et les bateaux de pêche ancrés, les épaves des coques coulées. Des avions de guerre, bourdonnaient dans les airs et des ballons de barrage aérien flottaient immobiles dans le ciel. 
Pour la première fois, les dégâts de la guerre devenaient visibles : des navires coulés dans le port, des entrepôts en ruine et le premier immeuble d'habitation, frappé par une bombe, dont un côté était complètement éventré, laissant les escaliers suspendus dans le vide, une table vacillant au bord du néant et un évier suspendu dans les airs.
Les énormes grues le long du quai étaient des enchevêtrements tordus d'acier; les murs et les toits des entrepôts étaient éventrés par les bombardements.

 

Engourdis par le long voyage, les hommes du 14e se déversent lentement des navires à travers les docks et dans les rues pavées du grand port. La longue file d'hommes a traversé la ville pour rejoindre la zone de bivouac sur les collines dénudées des environs de Marseille, dans les vignobles et dans les champs. Les hommes frissonnaient dans leurs deux couvertures, blottis près du feu.
Le travail de la Division à Marseille consistait à se rééquiper, à décharger les chars et pièces d'artillerie et autres équipements des navires, à rassembler les camions et les chars légers et à se préparer à partir au combat. Les officiers et les hommes étaient détachés à Marseille pour décharger le matériel pour assembler les "peeps", qui étaient arrivés dans des caisses en pièces détachées.
 

Le matériel commençait à arriver (les chars léger provenaient d’Afrique) et les hommes de la Division travaillaient jour et nuit : distribution de vêtements et d'équipement, entretien des véhicules, nettoyage des armes, prélèvement de charges de munitions. Arrimage des chars avec neuf millions de pièces d'équipement, des batteries de lampes aux obus. Les nouvelles armes ont fait l'objet de tirs d'essai. 
Deux semaines exactement après le débarquement, les hommes de la Division devaient aller au combat; Après tout l'entraînement, les manœuvres, le port, la traversée, l’heure était venue ! 
Les premières patrouilles et combats eurent lieu dans la vallée de la Roya sur la frontière franco-italienne.

Après ces premiers combats les trains quittèrent la gare de Septemes près de Marseille et la gare de Cannes pour le long voyage vers le nord. Les hommes voyageaient sans le moindre confort dans les wagons à bestiaux français et les véhicules à chenilles étaient chargés sur des wagons plats. Les véhicules sur roues ont pris la route, voyageant de jour, bivouaquant de nuit, serpentant le long de la belle vallée du Rhône, Avignon, Valence, Dijon, Lyon. La campagne était belle, soignée et les traces de guerre peu nombreuses.

La colonne passait par Charmes où la septième armée avait livré bataille. Ici, l'infanterie et l'artillerie de la 7e Armée avaient tiré sur les positions défendues et les maisons avaient été anéanties, réduites à des tas de décombres par le pilonnage de l'artillerie, les murs étaient criblés de rafales de mitrailleuses. Il n'y avait que quelques civils, regardant les troupes en mouvement avec des yeux hagards, c'était la ruine et la destruction totale.

 

Le CCA a s’est établi à Portieux le 14 novembre - 25e char, 48e char, 62e infanterie, 500e d’artillerie de campagne, une partie de la compagnie B du 94e.

Il fait plus froid maintenant, dans le pays plat et légèrement vallonné d'Epinal, un pays de basses collines, fortement boisé. Il pleuvait et la pluie tombait des arbres, éclaboussant les tentes pyramidales des PC et les bâches érigées au-dessus des chars. Les camions surchargés ravitaillement s'embourbaient jusqu’aux marchepieds quand ils sortaient des routes étroites encombrées par la circulation.

 

Les hommes de la 125e ont reçu un nouveau type d'entraînement : ils sont envoyés dans des zones d'où les nazis ont été chassés et s'exercent à nettoyer de véritables champs de mines : mines Teller[1], mines Shu, mines Regal[2], mines Schrapnel[3].

Les hommes du Commandement de combat A finirent de passer en revue leurs véhicules pour la dernière fois, de les armer, de vérifier leurs moteurs, la radio et les canons; et la composition de la colonne de marche fut annoncée. Les chars d'assaut ont été conduits pour voir comment ils pouvaient de déplacer sur ce terrain détrempé; les commandants de compagnie et les officiers d'état-major sont allés au front en peep pour avoir leur premier aperçu du terrain.

 

La nuit, on pouvait entendre le faible tonnerre lointain des canons de l'artillerie lourde, et à l'horizon lointain au nord et à l'est, on pouvait voir de faibles éclats de lumière.

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Les mines allemandes

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[1] Tellerminen : mines rondes antichars.

[2] Riegel minen en allemand : mine rectangulaire antichars à enveloppe d'acier.

[3] Schrapnel minen : mines antipersonnel

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COMBAT COMMAND A GERTWILLER, BENFELD et BARR

21 novembre – 4 décembre 1944

 

La colonne s’ébranle le 20 novembre, franchit la Meurthe et part à la conquête des Vosges et de la plaine d’Alsace. Très rapidement, ces soldats qui dans leur très grande majorité n’ont aucune expérience du combat, sont confrontés à la dure réalité de la guerre. Le convoi rencontre ses premiers barrages antichars, ses premières mines et déplore ses premières pertes dans la traversée des Vosges sur la route de St-Quirin à Schirmeck où la division arrive le 24 novembre 1944.
 

Le 27, le Command Combat A débouche sur la plaine d’Alsace, vire au sud vers Obernai avec pour objectif prendre possession et défendre la ligne Erstein-Benfeld-Sélestat.
Les différentes unités de la Division engageront le combat à Valff, Gertwiller, Barr, Saint-Pierre, Benfeld, Andlau, jusqu’à Epfig et Scherwiller.

 

Une fois le secteur libéré, la division se regroupe près d’Hochfelden pour libérer le nord de l’Alsace et poursuivre l’ennemi en territoire allemand, après avoir résisté à la contre-attaque allemande de l’opération Nordwind.

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Pour faciliter la lecture des récits qui vont suivre, voici la liste des principales unités qui composaient le "Command Combat A" de la 14e Division Blindée, et qui ont opéré dans Barr et ses environs :

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48th et 25th Tank Battalion

62nd Armored Infantry Battalion

94th Cavalry Reconnaissance Squadron

125th Armored Engineer Battalion

500th Armored Field Artillery Battalion

84th Armored Medical Battalion

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48e Bataillon de chars - Compagnie A

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48e Bataillon de chars - Compagnie D

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500e Bataillon Blindé d'Artillerie de Campagne - Compagnie C

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62e Bataillon d'infanterie Blindée - Compagnie du Quartier Général

Source : History of the 14th Armored Division

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