top of page

Destin d'engagés volontaires barrois
dans l'Armée française...

BARR libérée, fin novembre 1944, les troupes américaines laissent rapidement place aux unités de l'armée françaises engagées, avec elles, dans la poursuite des combats. L'Alsace est encore partiellement occupée par les Allemands et le conflit se concentre dès lors sur deux zones : la poche de Colmar et, en janvier 1945, au nord de l'Alsace, afin de contrer l'opération 'Nordwind" (vent du nord) lancée par les Allemands,  dans l'espoir de reprendre Strasbourg. 

​

A Barr, des éléments de la 1ère Armée française, sous les ordres du Général de Lattre de Tassigny, prennent leurs quartiers. On y répare, entre autres, des chars et autres matériels, notamment dans la rue de l'Abattoir et dans l'ancienne tannerie Simon (usine TELIC).  

​

L'armée française lance à tout vent des campagnes de recrutement, afin de renforcer ses effectifs... Cet appel sera entendu par quelques jeunes Barrois à qui nous souhaitons rendre hommage ! Sans aucune formation, avec pour seule motivation leur envie de servir, ils seront immédiatement affectés dans des unités de combat. 

Char de la 1ère Armée française, rue de la Kirneck à Barr, pendant l'hiver 1944-1945 (collection JAMBU).

Par Philippe SCHULTZ

grâce aux documents mis à disposition par

sa fille Yolande et ses fils André et Thierry 

​

André JAMBU (1924-2008)

André JAMBU est né à Paris, en 1924. Dès l'âge de 3 ans, il arrive à Barr, dans le foyer de sa tante et de sa grand-mère. Dans une classe d'âge au sein de laquelle ont été incorporés de force de nombreux Alsaciens et Barrois (25), il échappe miraculeusement à l'uniforme allemand, probablement en raison de son lieu de naissance, n'étant pas considéré, par les Nazis, comme "Volksdeutscher". 

​

Le 7 janvier 1945, André s'engage volontairement au 1er Régiment de Chasseurs d'Afrique. D'entrée, il se retrouve en première ligne, comme équipier d'un char de combat: le "FORT EMPEREUR". Son rôle consistera, au sein de l'équipage de ce char "Sherman", à charger les munitions. Il doit à présent se battre au nord de la poche de Colmar.    

André JAMBU, à 20 ans, Chasseur au 1er Régiment de Chasseurs d'Afrique

Le "FORT EMPEREUR" à DURRENENTZEN (Haut-Rhin) le 4 février 1945

André JAMBU au cœur des combats...

Le 4 février 1945, le FORT EMPEREUR est engagé dans le secteur de MUNTZENHEIM - DURRENENTZEN. La résistance allemande est intense. L'équipage est composé du Maréchal des Logis PODLEKI, du Brigadier-Chef SOLONA, des Chasseurs TORECILHA, MAURICE et JAMBU. Le FORT EMPEREUR subit des dégâts importants qui le détruisent. Les impacts provoquent la mort du Chasseur TORECILHA qui se trouve alors à quelques centimètres seulement d'André qui s'en sort avec une blessure à la main. André restera, toute sa vie durant, profondément marqué par ce terrible drame et la perte de son camarade. 

La poche de Colmar dégagée, le 1er RCA poursuit sa mission au-delà du Rhin qu'il franchit les 3 et 4 avril 1945 à Mannheim. Le 18 avril, c'est la prise de Tûbingen, Friedrichshafen est atteint le 29 avril. Le 3 mai, le régiment se trouve à Bludenz et traverse la frontière autrichienne. 

 

Le 5 mai 1945, André est embarqué sur un train blindé, réalisé sur les instructions du Général commandant la 5ème Division Blindée. Le char de type "Médium", auquel est affecté André, subit des tirs ennemis. André JAMBU riposte depuis son poste de combat.

 

Son chef de corps, le colonel ROBELIN, nous décrit les circonstances :

 

" Le Chasseur André JAMBU, courageux et plein d'allant, le 5 mai 1945, a participé comme volontaire à l'engagement d'un train blindé sur lequel son char Médium avait embarqué. Chargeur à bord de ce char, a assuré sous le feu et sans défaillance le service de son canon, à proximité immédiate des engins ennemis, donnant ainsi à ses camarades l'exemple de la bravoure et de la conscience professionnelle la plus absolue."  

​

Pour ces faits, André JAMBU sera cité à l'ordre de la Brigade, le 6 juillet 1945, par le Général MOZAT commandant le CC5.  Cette citation comporte l'attribution, à André, de la Croix de Guerre avec Etoile de Bronze. 

​

Toute sa vie durant, il voua un profond respect à son commandant d'unité, le capitaine Henri DAVOUT D'AUERSTAEDT, qu'il rencontra à nouveau, en 1972, alors que celui-ci était devenu Général, Directeur du Musée de l'Armée, aux Invalides à Paris. 

Le 8 mai 1945, l'armistice est signé. L'Allemagne a perdu la guerre. André sera définitivement démobilisé le 24 mai 1946. Il épouse, le 29 août 1947, Marie-Louise ZIMMER, à la mairie de Barr. Le couple aura trois enfants, Yolande, André et Thierry.

​

André exercera son métier de charpentier, à l'entreprise Lehmann à Barr, jusqu'en 1950 où il rejoindra la tannerie HAAS à Eichhoffen. Il y restera jusqu'en 1985, date de sa retraite.

​

André était, par ailleurs, très engagé dans le milieu associatif : footballeur au FC BARR, durant 20 ans, il siégea au comité durant 30 ans. Pendant 20 années, il assura le bénévolat au sein de l'association des donneurs de sang et, 40 ans durant, le poste de trésorier à la fédération des engagés volontaires alsaciens et lorrains aux armées françaises. 

​

André JAMBU décéde le 16 décembre 2008.

​

Un beau et respectable bilan pour celui que ses amis barrois appelaient affectueusement :
"D'r PARISER" (le Parisien) !

André JAMBU (1er rang à droite) avec ses camarades d'équipage.

REMISE D’UN DRAPEAU
à la Section de Barr des Engagés volontaires

Notre ville a connu dimanche un de ses grands jours. Il était 10h30, lorsque le cortège, précédé de la Musique du 23e R.I., quitta la Maison Rouge, pour se rendre au Monument aux Morts. Derrière la musique, six gentilles Alsaciennes portaient le nouveau drapeau encore enroulé, puis suivait  le Conseil municipal de Barr, M. le Maire Degermann en tête, puis la section de Barr des E.V.A.L., puis les nombreuses sociétés patriotiques et autres. Tout Barr se trouvait sur les jambes et ceux qui ne faisaient pas partie du cortège, bordaient la place.

Le cortège s’étant rangé devant le Monument aux Morts, M. Schoen, président de la section de Barr, déposa au nom des E.V.A.L. une couronne hommage aux camarades morts pendant la guerre. Après la sonnerie aux morts et le refrain de la «Marseillaise», le cortège gagna la place de la Mairie, où en présence de M. Graff, sous-préfet, le colonel Wenger, remplaçant le général de Langlade, prit des mains de Mme J.-A. Haas et de M. G. Degermann, marraine et parrain du drapeau, le nouvel emblème, et le remit au président de la section qui, auparavant, avait tenu à donner à la fête toute sa signification en rappelant le serment fait jadis au régiment par les engagés volontaires.

Puis, M. Graff prit la parole, félicitant dans son discours la nouvelle section pour son succès et tira la leçon des événements des dernières années.
Profitant de cette belle cérémonie, M Graff remit un certain nombre de Médailles d'honneur en argent avec pour services exceptionnels lors de la libération de Barr, à quelques vingt officiers, sergents et sapeurs du corps des pompiers. En outre, Auguste Baehr reçut des mains du sous-préfet la médaille d'honneur du travail en vermeil pour 50 années de service comme clerc de notaire.
Après la cérémonie, un vin d'honneur et un banquet ont réuni la section de Barr et ses invités d'honneur , parmi eux nous avons relevé Me Kalb, «Jacques d’Alsace», qui présidait en qualité de président fédéral des E.V.A.L., le colonel Wenger, commandant la subdivision du Bas-Rhin, MM. Graff, Degermann, vice-président départemental, Me Bauer, président de l’UFAC.

1947- Drapeau Engagés-volontaires.jpg

A gauche, Mme Haas, marraine et à droite M. Georges Degermann parrain du drapeau des Engagés Volontaires d'Alsace Lorraine.

Après le repas, plusieurs discours furent prononcés et très applaudis, surtout celui très émouvant et spirituel de Me Bauer et celui de Me Kalb, qui évoqua les engagés volontaires qui encore aujourd’hui se battent pour la France en Indochine et à Madagascar, et qui rendit un vibrant hommage au général de Gaulle. Puis M. Kaetzel chanta quelques airs patriotiques.
Un grand bal, auquel toute la population avait été conviée, termina en beauté cette journée qui restera gravée dans les annales de Barr.
(Source : DNA du 06-05-1947)

bottom of page